Le piège fiscal invisible : comment trop d'impôts peut réduire les dépenses publiques

12/8/20254 min read

a man riding a skateboard down the side of a ramp
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Le Paradoxe des Finances Publiques

Imaginez un gouvernement qui, confronté à des besoins sociaux pressants, décide d'augmenter les impôts pour financer plus de dépenses publiques. Logique, n'est-ce pas ? Pourtant, ce raisonnement apparemment évident cache un piège économique redoutable. La recherche révolutionnaire de Ludovic Yao NIAMIEN, présentée dans "L'énigme de la consommation publique", démontre avec une clarté mathématique implacable qu'au-delà d'un certain seuil, augmenter les impôts conduit... à réduire les dépenses publiques disponibles. Comment ce paradoxe contre-intuitif fonctionne-t-il ? Plongeons au cœur de ce mécanisme économique essentiel.

Au-delà de la Courbe de Laffer : Une Perspective Dynamique

La courbe de Laffer nous a appris qu'au-delà d'un certain point, augmenter les taux d'imposition réduit les recettes fiscales. L'apport décisif de NIAMIEN est d'aller plus loin : il ne s'agit pas seulement des recettes, mais des dépenses publiques effectives. Son modèle dynamique, testé sur les données de l'UEMOA (2002-2023), montre que la relation entre le taux d'imposition (tₙ) et les dépenses publiques (Gₙ) suit une courbe en "U inversé".

Formellement, cette relation s'exprime comme :
Gₙ(tₙ) = A₂' × (1 + B × tₙ) × (Gₙ₋₁ - ω₂) × e^(2×B×tₙ) + G₀ₙ

Cette équation complexe se traduit par une réalité simple : il existe un taux d'imposition optimal t*Gₙ qui maximise les dépenses publiques avant qu'elles ne commencent à décliner.

Le Point de Rupture : Quand la Logique S'inverse

Pour les économies de l'UEMOA, l'analyse empirique du livre identifie ce point critique autour de 12,5% (avec un corridor optimal de 12-13%). Voici ce qui se passe de part et d'autre de ce seuil :

En deçà de 12,5% :

  • Chaque point de pourcentage d'augmentation du taux d'imposition génère une hausse des dépenses publiques de l'ordre de 100 à 350 unités monétaires.

  • L'État élargit ses marges de manœuvre budgétaire de manière efficace.

Au-delà de 12,5% :

  • C'est le renversement dramatique : chaque point supplémentaire d'imposition réduit les dépenses publiques de 1 000 à 1 300 unités.

  • L'effet marginal devient fortement négatif.

Le Mécanisme du Piège : Pourquoi Plus d'Impôts Donne Moins de Ressources

Ce renversement s'explique par trois effets combinés :

  1. L'érosion de la base imposable : Des taux trop élevés découragent l'activité formelle. Les entreprises réduisent leur production, reportent des investissements, ou se tournent vers l'informalité. La richesse nationale (PIB) se contracte.

  2. L'augmentation des comportements d'optimisation : Contribuables et entreprises déploient plus d'énergie et de ressources pour réduire leur facture fiscale (optimisation légale) ou y échapper (évasion, fraude).

  3. Les coûts de collecte exponentiels : Collecter l'impôt auprès d'une base réticente et rétrécie devient plus difficile et plus coûteux.

Le résultat net est implacable : bien que le taux de prélèvement soit plus élevé, la richesse sur laquelle il s'applique a tellement diminué que le produit final - les recettes réellement mobilisables - baisse. Et avec lui, la capacité de dépense de l'État.

L'Exemple Ivoirien : Une Illustration Concrète

L'analyse spécifique à la Côte d'Ivoire dans le livre est éclairante. En 2023, le taux d'imposition effectif y était d'environ 13,6% - soit au-dessus du seuil optimal estimé à 11,8% pour maximiser les dépenses publiques dans ce pays.

Conséquence : la Côte d'Ivoire opérait déjà dans la "zone dangereuse" de la courbe. Toute tentative d'augmenter encore la pression fiscale, loin de renforcer le budget de l'État, aurait eu l'effet pervers de réduire ses capacités réelles de financement. Cette situation explique pourquoi certains pays, malgré des taux d'imposition élevés, peinent à fournir des services publics de qualité : ils sont piégés dans la partie descendante de la courbe.

Les Implications pour les Politiques Publiques

Cette découverte a des conséquences majeures pour la gouvernance économique :

  1. La fin du dogme "plus d'impôts = plus de dépenses sociales" : Cette équation n'est valable que dans le corridor optimal. Au-delà, c'est l'effet inverse qui se produit.

  2. La priorité à l'efficacité plutôt qu'au taux : Une fois le corridor optimal atteint, la priorité n'est plus d'augmenter les taux, mais d'améliorer l'efficacité du système par :

    • L'élargissement de l'assiette fiscale (lutte contre l'informel)

    • La réduction des exonérations inefficaces

    • L'amélioration de l'administration fiscale

    • La rationalisation des dépenses publiques

  3. Un outil de diagnostic précieux : Le modèle permet aux pays d'évaluer leur position sur la courbe et d'ajuster leur stratégie en conséquence.

Conclusion : Pour une Fiscalité Intelligente et Soutenable

"L'énigme de la consommation publique" nous offre une leçon fondamentale : en matière fiscale, plus n'est pas toujours mieux. La recherche du bien-être collectif passe par la recherche d'un équilibre optimal entre prélèvements nécessaires et préservation des incitations économiques.

Ce livre arme les décideurs, les économistes et les citoyens d'un outil d'analyse puissant pour dépasser les débats idéologiques et fonder les politiques publiques sur des évidences empiriques. Il montre que la prospérité ne se construit ni par la sous-imposition (qui prive l'État de moyens) ni par la surimposition (qui étouffe l'économie), mais par une fiscalité intelligente, calibrée et efficace.

La clé du développement réside dans notre capacité à identifier et respecter ces équilibres subtils. Pour approfondir cette analyse révolutionnaire et découvrir comment elle s'applique à la croissance, l'emploi et la dette publique, procurez-vous dès maintenant "L'énigme de la consommation publique".

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